OK Country Music

 

                          Une histoire de la country remarquablement détaillée qui nous fait vivre avec passion l'évolution de la musique et la naissance de la danse country écrite par M. Bernard PEDNAULT pour le magazine:


                                COUNTRY DANSE MAG

                            www. Countrydansemag.com

                            Nous remercions chaleureusement M. Robert MARTINEAU, Directeur

de publication de ce magazine pour l'autorisation de la reproduction de ce texte. (12/11/2007)

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Texte de Bernard Pednault   Sources : Différents sites Web dont Country Webzine, Histoire de la Country Music, Histoire de la Country Music Dance et Canadian Encyclopédia.

PLAN DU DOCUMENT


INTRODUCTION

LA MUSIQUE  COUNTRY                         LA DANSE COUNTRY

Ses origines                                                                      Un moyen d'expression coporelle

Sa croissance en popularité                                                   mais aussi culturelle

Sa diversification                                                                     Ses racines profondes

Son caractère Canadien                                                              Un passé récent

Infrastructures médiatiques au Canada                    Aujourd'hui

                      CONCLUSION

 

Première partie

 

Introduction…

 

L’idée que l’on se fait de la Musique Country se limite bien souvent à quelques clichés, grands espaces, cow-boys, blondes platine et idéologie réactionnaire.  La réalité recouvre une situation infiniment plus complexe.  Musique préférée des blancs du sud des États-Unis, elle appartient à l’histoire américaine, traçant une ligne continue entre les pionniers et l’Amérique d’aujourd’hui.  La Musique Country a évolué par étapes successives mêlant ses propres genres à d’autres cultures venues d’Europe ou d’Afrique, mais elle est également liée à la géographie de son pays.  Pour ce qui est de la Danse Country, il est bien difficile d’ébaucher une histoire, même sommaire, alors que les visions, les interprétations, les avis divergent entre les pays, les organismes et les danseurs eux-mêmes.  Pour l’Amérique profonde, la Danse Country est avant tout la danse en couple.  C’est pourquoi, il serait bien audacieux de vouloir définir la Danse Country, tant la diversité des courants est grande. On peut donc dire, tout comme pour la Musique Country, qu’il n’y a donc pas ‘une’ Danse Country mais de multiples courants qui intègrent de nombreuses spécificités venues des danses telles que ‘valse, polka, mazurka, square, cuban…’ dont elles sont issues.  Nous essaierons donc de couvrir ce phénomène qu’est devenue la Musique Country et par le fait  même, l’évolution qu’a connue la Danse Country jusqu’à aujourd’hui.

 

La Musique Country… ses origines

 

Aux États-Unis…

 

Lorsque les immigrants anglais et irlandais s’installent dans le massif des Appalaches, ils doivent affronter des conditions de vie rudes et misérables.  Le dimanche, on se retrouve à l’église pour prier, chanter des cantiques et des airs traditionnels celtiques.  Dans leurs montagnes, ces trappeurs, bûcherons, fermiers ne sont guère touchés par l’autre musique Américaine, issue du classique mais aussi de la variété de cabaret.  En quittant l’Europe, l’anglais avait apporté avec lui dans son bagage, son violon, c’est cela que découvrira l’explorateur « Cecil J. Sharp » en 1916 : une tradition intacte et quasi inaltérée.  Il collecte environ 1700 ballades anglaises, écossaises et irlandaises, qu’il annote et qui constitueront une documentation remarquable sur les début de la Musique Country.  Il découvre aux côtés de ces ballades inchangées, des paroles qu’il emprunte désormais à la vie des Appalaches. « Stephen Foster » s’inspire aussi des thèmes entendus lors de ses voyages, et compose « Oh Susanna », interprétation qui a été reprise au cours des dernières années par le groupe « Yamboo ».  D’autres compositeurs dont « George Cooper et James Bland » font de même et ont ainsi joué un rôle important dans la naissance d’un folklore anglo-américain.

 

Mais l’Amérique s’industrialise très vite, et vers la fin de 19ème siècle, l’exploitation du charbon dans les Appalaches commence.  Pour cela, il faut des routes, parfois des voies de chemin de fer.  C’est ainsi que le massif s’ouvre à la civilisation.  Si beaucoup de blancs arrivent, attirés par l’argent possible à faire, il y a aussi de nombreux noirs qui fuient leur condition de vie (esclavage…).  Pour les habitants déjà en place, le choc culturel est énorme, car c’est la première fois qu‘ils voient des noirs.  Ceux-ci amènent avec eux la guitare (qu’ils avaient eux-mêmes repris aux Vaqueros Mexicains).  Mais cet instrument est difficile à fabriquer et coûteux.  C’est ainsi qu’au début du 20ème siècle se développe le banjo, car il a l’avantage d’être facile à fabriquer et plus aisé à la fusion des Appalaches.  La fin du 19ème et le début du 20ème siècle voient une nouvelle vague d’immigrants arriver.  Ils viennent d’Europe et amènent avec eux leur tradition : Italie (mandoline), Tchèque et Polonais (valses, polka…).  Parallèlement à tout cela, les îles Hawaii sont annexées par les États-Unis en 1898, et attirent l’engouement de Américains pour ce territoire.  Là subsiste une guitare introduite par les Mexicains en 1830, mais dont les Hawaiiens modifient le jeu : à plat sur les genoux en faisant glisser un tube de métal sur les cordes.  Ce sont les spectacles hawaiiens qui sillonnent les États-Unis depuis l’annexion en 1898, qui font découvrir aux Américains leur musique et cette nouvelle guitare (nouvelle façon aussi d’en jouer).  Leur jeu est virtuose et rempli de swing, ce qui a pour effet de stupéfier les Américains.  C’est en 1915 que les premiers enregistrements de musiciens hawaiiens sur le territoire américain se feront, et auront pour conséquence de devenir un élément à part entière de la Musique Country.

 

Mais comment se faisait connaître la Musique Country, et comment évoluait-elle?  Une partie de la réponse se trouve dans les « tent shows ».  Ce sont des théâtres ambulants qui circulent à travers tout le territoire à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle.  Ces tournées de Vaudeville constituent souvent l’unique attraction du village visité, et attirent par conséquent une foule énorme.  Ce sont les chanteurs de Vaudevilles qui feront connaître (en partie) la Musique Country aux endroits les plus reculés, ce qui aura aussi pour conséquence de démontrer aux habitants des Appalaches qu’ils peuvent vivre de leur talent musical.  C’est sur ce modèle qu’apparaîtront bientôt les premiers « médecine shows », (spectacles ambulants qui ont pour but de vendre des remèdes douteux…) et qui présentent des artistes locaux.  Peu à peu, certains de ces artistes acquièrent une certaine notoriété qui leur permet de s’exporter. C’est ainsi que naît une musique commerciale appelée alors « Hillbilly Music » baptisée ainsi par « Al Hopkins » lorsque descendu de ses Appalaches pour enregistrer ; le producteur « Ralph Peer » lui demande quel style de musique il joue, il répond : « we’re just a bunch of hillbilly from North Carolina and Virginia.  Call it anything you want ».  C’est ainsi qu’est né le terme de « Hillbilly Music », signifiant littéralement : musique des péquenots. 

 

Aux États-Unis, la Musique Country connut sa première période de popularité à la fin des années 1920, comme le montre le grand succès d’interprètes, tels que « Vernon Dalhart, Jimmie Rodgers ».  « The Singing Brakeman », première vedette de la Musique Country qui influença « Wilf Carter » et, surtout, « Hank Snow », « la famille Carter » des États-Unis et plusieurs groupes instrumentaux.

 

Au Canada…

 

La Musique Country fut introduite auprès des auditoires canadiens par la radio des États-Unis.  Les premières émissions aux stations WBAP, Fort Worth (à partir de 1923), WLS, Chicago (WLS Barn Dance, 1924) et WLS, Nashville (Grand Ole Opry, 1925), tout comme celles, ultérieures, de l’influente station WWVA, Wheeling, Virginie, furent entendues dans de nombreuses régions du Canada.  Les émissions de George Wade and His Cornhuskers à la station CFRB, Toronto, en 1928, et de Don Messer à CFOB, Saint-Jean, N.-B., en 1929, marquèrent bientôt les débuts de la Musique Country à la radio canadienne. Les violoneux américains Eck Robertson et Henry Gilliand sont cités comme les premiers interprètes Hillbilly des États-Unis à avoir enregistré en vue d’une diffusion commerciale (Victor, 1922). Cependant, des instrumentistes traditionnels canadiens français enregistrèrent dès 1918, tel le violoneux « J. B. Roy » chez Victor.  En 1925, Le catalogue Apex comportait déjà des 78 tours de plusieurs musiciens traditionnels canadiens anglais dont le violoneux « Percy Scott, Dennis O’Hara et Jock McDonald », de même que « Billy Russell », harmoniciste et joueur d’ukulélé.

 

En 1932, « Wilf Carter » adopta le nouveau style commercial et « A. Hugh Joseph » en fit l’enregistrement chez Canadian Victor.  Sa chanson « My Swiss Moonlight Lullabye » fut un succès national, le premier au Canada gravé par un Canadien.  Sa popularité incita Victor à enregistrer d’autres Canadiens, notamment « George Wade » (1933), « Hank Snow » (1936) et « Hank Larivière » (1941). Toutefois, le succès des disques canadiens demeura limité à cause de la nature restreinte et mal définie du marché au pays.  Ainsi, durant de nombreuses années, la présentation individuelle de spectacles et le travail à la radio demeurèrent les principales activités des interprètes canadiens de Musique Country, notamment les groupes populaires au niveau régional tels que les « Gully Jumpers, Charlie Hannigan and His Montaineers, Billy Hole and the Livewires à Toronto, Bert Anstice », qui se firent entendre sur les ondes de la CCR à Montréal, et les « Red River Mates d’Andy DeJarlis » à Winnipeg.  Les « Cornhuskers » furent probablement le premier groupe country à faire des tournées à l’échelle nationale, des Maritimes aux Prairies, durant les années 1930.

 

Au Québec…

 

Cette popularité pour la Musique Country fut marquée par les premiers enregistrements, au milieu des années 1940, de « Paul Brunelle » et de « Willie Lamothe ».  Elle était inspirée des styles des États-Unis plutôt que de la musique traditionnelle canadienne française et comportant un répertoire de chansons originales et de traductions de succès Américains.  Les premières chansons de « La Bolduc » et du « soldat Roland Lebrun » montraient une certaine ressemblance avec le country au niveau du sentiment exprimé et des thèmes abordés.  Dans La Chanson Québécoise (Montréal 1974), Benoit L’Herbier écrivait :… le succès du western au Québec s’explique aisément.  Comme les Américains moyens, les Québécois, en majorité cultivateurs, habitant la campagne, près de la terre, éprouvaient les mêmes sentiments devant la vie, l’existence et le monde… Leur monde de simplicité pleura la disparition de « La Bolduc », s’attarda au « soldat Lebrun ».  Le western leur apparut comme une suite logique.  D’ailleurs, les « chansons de cow-boy » possédaient les saveurs folkloriques, adaptées à un climat moderne.  D’autres pionniers de la Musique Country au Québec dans les années 1940 et 1950 furent « Bobby Hachey, Marcel Martel, Paul Ménard, Roger Miron, Ti-Blanc Richard et Oscar Thiffault ».  Plus tard, « Lévis Bouliane, André Breton, Denis Champoux, Julie et Paul Daraîche, Armand Desrochers, Elaine, Régis Gagné, Georges Hamel, André Hébert, Marie King, Carole Laure, Renée Martel, Patrick Norman, Claude Patry, Larry Robichaud, Jerry et Jo’anne, Gildor Roy et Rock Voisine » s’ajoutèrent au nombre des vedettes country.  Le succès du « Festival Western de Saint-Tite », établi près de Shawinigan en 1968, témoigne de la grande vogue de cette musique au Québec.     

 

Seconde partie

 

Sa croissance en popularité et sa diversification de style…

 

Plusieurs facteurs contribuèrent à accroître la popularité de cette musique aux États-Unis.  Le bouleversement social causé par la dépression des années 1930 et de la Deuxième Guerre mondiale rapprocha les gens des divers milieux et entraîna la fusion et le nivellement des goûts musicaux.  On assista à l’avènement des films de Hollywood mettant en vedette des « Cow-boys chantants » comme « Gene Autry, Tex Ritter et Roy Rogers », dont les styles étaient intentionnellement modérés afin de plaire au public des villes.  Enfin, les auteurs compositeurs de « Tin Pan Alley » adoptèrent certains procédés superficiels de la Musique Country.  Le Canada suivit ces tendances, pour les maintenir jusqu’aux années 1950.  Elles furent marquées par la popularité persistante des « Carter, Snow et Earl Heywood », de même que par l’émergence, entre la fin des années 1930 et le début des années1950 de nouveaux interprètes, notamment les « Bunkhouse Boys, les Hillbilly Jewels (incluant Joe Brown, plus tard le patriarche de la Family Brown) et Tex Cochrane » dans les Maritimes, « Sid Plamondor and His Western Pals » en Ontario, les « Happy Wanderers, Cammie Howard and His Western Five et Mac Beattie » à Ottawa, ainsi que plusieurs autres.  Plusieurs des principaux violoneux du Canada commencèrent également leur carrière à cette époque. 

 

Ailleurs au pays, les Provinces Maritimes incluant Terre-Neuve ont eu une Musique Country semblablement autosuffisante. Beaucoup des exécutants s’inspirent, pour leurs chansons, de sujets locaux et de traditions folkloriques régionales, de même que de l’œuvre d’autres artistes country de l’Est du Canada.  Parmi ceux-ci, on note « Omar Blondah » (Terre-Neuve) et « Charlie MacKinnon » (Cap-Breton).  Quelques interprètes de l’Est canadien des années 1970, « Stompin’ Tom » « Connors, Harry Hibbs, Dick Nolan, Roy Payne, Michael T. Wall et d’autres » ont misé sur leurs origines et ont connu une grande popularité dans les autres provinces, là où des émigrants de l’est du Canada étaient venus s’établir, en particulier à Toronto.

 

Après son déclin en popularité au milieu des années 1950 en partie à cause de la montée du rock ‘n’ roll, la Musique Country reprit du terrain au cours des années 1960, en s’appropriant des éléments d’autres styles populaires.  Plusieurs artistes au Canada, tels « Tommy Hunter, les Mercey Brothers, Stu Phillips, les Rhytm Pals et plusieurs autres » abandonnèrent l’accompagnement traditionnel, en faveur d’un autre plus sophistiqué et d’un style vocal country moins caractéristique.  Réciproquement, « John Allan Cameron, Shirley Eikhard, Rita MacNeil et Anne Murray » entre autres, qui n’étaient pas identifiés spécifiquement au country, furent influencés par cette musique et furent populaires auprès des auditoires country.

 

La fusion des chansons et de l’instrumentation country, avec les rythmes et attitudes rock qui ont eu lieu à la fin des années 1960 dans la musique des « Byrds, de Poco » et d’autres groupes Américains, fut annoncée par l’ensemble « Great Speckled Bird »  associé à « Ian and Sylvia », et adoptée par la suite au Canada par les « Good Brothers, Ronnie Hawkins, Danny Hooper, Murray McLauchlan, Sue Medley, Matt Minglewood, One Horse Blue, Colleen Peterson, Prairie Oyster, Rock ‘n’ horse et Jesse Winchester », pendant une partie ou la totalité de leur carrière.  Un important courant de Musique Country s’est aussi manifesté tout au long des années 1970, 1980 et au début des années 1990 chez des artistes établis ou plus jeunes, tels que « Carroll Baker, Bootleg, Marie Bottrell, Canadian Zephyr, Glory-Anne, Terry Carisse, Errol Ranville, le C-Weed Band, Eddie Eastman, Family Brown, Gary Fjellgaard, George Fox, Gilles Godard, Dallas Harms, le Midnite Rodeo Band, Anne Murray, Chris Nielson, Anita Perras, Ronnie Prophet, Donna Ramsey, Lee Roy, R. Harlan Smith, South Mountain, David Thompson et Laura Vinson ».

 

Beaucoup de chanteurs ou groupes des années 1980, dont « Blue Rodeo, Ray Condo and the Hard Rock Goners, les Cowboy Junkies, les Dots, Grevious Angels, Junior Gone Wild, Rang Tango, les Razorbacks et surtout K. D. Lang ont intégré de nouveaux éléments aux styles country traditionnels ou, à l’inverse, des éléments country dans la musique rock et pop, tout en présentant cette musique à un plus vaste public.  Lang a également participé au mouvement néo-traditionnaliste des années 1980, comme l’a fait le « Great Western Orchestra ».

 

Troisième partie

 

Old Time Music…

 

La venue du phonographe aura permis la propagation de la musique aux États-Unis.  Il a été commercialisé au début du 20ème siècle, surtout dans les régions urbaines des États-Unis avant la Première Guerre mondiale.  La production de disques était donc essentiellement tournée à ce moment-là vers le public urbain du nord, avec la musique classique, les opéras et beaucoup d’airs à la mode.  La guerre finie, le niveau de vie augmente.  Parallèlement à cela, le coût de production du phonographe diminue et permet la fabrication en série de cet appareil, ce qui aura pour conséquence d’en augmenter les ventes et par le fait- même la diffusion de la musique. Puis apparaissent des maisons de disques qui deviendront vite très importantes. Tout naturellement, celles-ci vont rechercher de nouveaux marchés, de nouvelles musiques.

 

Vu le potentiel du Sud jugé très prometteur ainsi que la multiplication des styles musicaux et des programmes que passent les radios locales, de nouvelles possibilités vont s’ouvrir.  Il faut savoir qu’en 1922, le Sud comptait déjà 500 stations de radios.  Leurs émissions de radio étaient destinées essentiellement à un public rural, dont le niveau de vie ne cessait d’augmenter; elles étaient souvent faites dans des hangars ou des granges désaffectées et il n’était pas rare que le samedi soir, les familles entières se réunissaient autour de la radio afin d’écouter les musiques, ce qui multipliaient encore les possibilités d’atteindre l’auditoire.  La demande pour obtenir les disques des artistes entendus à la radio se fait de plus en plus grande.  Fort de ce succès, deux de ces artistes qui avaient l’habitude de passer à la radio décident de tenter leur chance à New-York en 1922.  L’un s’appelle « Eck Robertson » (né en 1887 dans l’Arkansas), l’autre s’appelle « Henry Gilliand » et est âgé de 74 ans.  Ils gravent 6 titres les 30 juin et 1er juillet 1922 :  2 sont des duos de violons, 2 des solos par « Eck Robertson », et les 2 autres pièces sont jouées accompagnées d’un pianiste de studio.  C’est un an plus tard que la maison de disque « Victor » décide de les commercialiser sous forme de 78 tours :  « Sally Goodin et Arkansas Traveler ».  Contre toute attente, le succès est tout à fait conséquent, et notamment bien sûr, dans le sud Appalachiens.  Involontairement, « Eck Robertson et Henry Gilliand » venaient de graver sur disque les premiers morceaux de Musique Country.  Suite à leur succès, des découvreurs de talents partent dans le sud et enregistrent des centaines d’artistes, à l’aide de studios mobiles qu’ils installent dans des granges, des chambres d’hôtels, des boutiques de disques, ou bien avec l’aide de studios de radios locales.  Le centre naturel de cette nouvelle activité allait vite être « Nashville », seule ville d’importance dans le sud des Appalaches, et lieu de rencontres économiques, commerciales et musicales.

 

Dès 1925, une station de radio de Nashville qui est financée par une compagnie d’assurance, présente un programme hebdomadaire sur la musique « Old Time ».  Cette émission va atteindre rapidement une extrême popularité avec le présentateur « Georges D. Hay » qui lui donnera le nom de « Grand Ole Opry », du nom de l’émission qui suivait sur la musique classique.  Le nom « Grand Ole Opry » restera définitivement lié à cette émission.  Dès 1932, « George D. Hay » organise sous des chapiteaux, des spectacles au modèle de l‘émission de radio, et qui attirent alors des foules gigantesques.  C'est en 1941 que le « Grand Ole Opry » emménage au « Ryman Auditorium ».  Cette année là, le réseau NBC rachète le réseau et diffuse l’émission à travers tous les Etats-Unis.  Au fil des ans, le « Grand Ole Opry » devient une institution et un passage obligatoire pour des musiciens qui vont ouvrir la voie au professionnalisme.  Quelques-uns de ces premiers professionnels qui enregistraient sans musiciens de studio, et dont l’œuvre musicale est aujourd’hui incontestable ont inspiré les générations suivantes.  Ce sont entre autres « Jimmie Rodgers et la Famille Carter » qui est composée de « A. P. Carter » son épouse « Sara » ainsi que sa belle-sœur « Maybelle ».  Ce groupe interprète des ballades en chantant en harmonie derrière un ‘leader ‘.  Il ont un répertoire de plusieurs milliers de chansons, leur jeu de guitare est des plus fluide et délié.  Ce style de guitare appelé le ‘carter style’ utilise les cordes basses pour jouer les mélodies, tout en conservant le rythme en brossant les cordes aiguës maintenues sur l’accord; c’est un des facteurs déterminants du succès de la « Famille Carter ».  Pour « Jimmie Rodgers », il apparaît en fait comme un chanteur de blues.  Durant sa courte carrière, il grave plus de 111 faces, dont la majorité sont des compositions personnelles tirées de son expérience avec une prédominance pour le blues.  Il est sans doute le premier véritable soliste de cette musique.  En effet, il a atteint une notoriété nationale grâce à sa personnalité et son style de musique.  Il a également créé beaucoup de vocations dont celle de « Gene Autry et Hank Snow ».   Par ailleurs « Jimmie Rodgers »  a bouleversé totalement la Musique Country; il l’a fait sortir du cocon montagnard Appalachien, personnifié par le style « Old Time » et lui a donné son ampleur.  Sa figure légendaire a suscité un véritable culte et c’est à juste titre qu’il fut le premier artiste a avoir été élu au « Country Hall Of Fame » en 1968 (musée à la gloire de la Musique Country).  Il est reconnu et salué comme le véritable fondateur de la Musique Country. 

 

C’est au cours du 20ème siècle que l’ouest Américain se peuple lentement au prix de nombreuses batailles avec les indiens. Cela donne bientôt naissance à de petites villes.  Ces grands espaces sont surtout peuplés par les grands troupeaux de vaches que mènent les fameux cow-boys.  Sur place, quelques journaux relatent la vie locale souvent en amplifiant les faits, et dont l’exactitude de ces derniers reste à prouver.  Pourtant, c’est en vantant les mérites de l’Ouest que bientôt tous les États-Unis, et même l’Europe entière se passionneront pour le « Far West ».  C’est là que l’image romantique et fantastique du cow-boy est née.  Cette image s’impose bientôt avec force dans la littérature, le cinéma et aussi la musique.  Bientôt, tout ce qui fait référence au « Far West » connaît un succès populaire.  Si pourtant la saga de l’ouest a bel et bien existé, la musique western, celle avec les « Cow-boys chantant » n’a eu que peu de temps pour se développer et ainsi donner naissance à un courant suffisamment important.  La musique western, qui s’est véritablement constituée dans les années 1920 - 1930, s’est donc principalement appuyée sur l’authentique « Cow-boy chantant ».  C‘est dans la solitude des cow-boys qui vivaient très durement et précairement, qui avaient toujours le risque d’un danger physique, qui ne dormaient pas assez et qui n’avaient aucune femme, que naissent les chants de cow-boys.  Ceux-ci sont basés à l’origine sur un poème écrit traitant de la vie de l’ouest et paru dans un journal local, puis chanté par un cow-boy sur un air du répertoire connu anglo-irlandais, qui transmet cela à ses compagnons, et qui eux-mêmes, font de même… En fait, tous les thèmes étaient chantés sur les 4 ou 5 mêmes airs de base, sans accompagnement musical.  Ces chants de cow-boy servaient surtout à rompre la monotonie et la solitude avec soi-même, ce qui peut expliquer qu’aucun cow-boy ne fut réellement bon chanteur et bon musicien.  Si l’on ajoute à cela la période des grands troupeaux, qui ne fut que très brève (1875 – 1900), on comprend que l’héritage musical ne peut être que très pauvre.  Toutes ces ballades vont bientôt passer dans le répertoire de la Musique Country par le biais des « Cow-boys chantant » du cinéma parlant.  Ces westerns que tournent de véritables Cow-boys, font voir au monde la vie de l’ouest.  Mais si ces acteurs sont de vrais Cow-boys, ce sont de bien piètres comédiens, et bien souvent, on s’aperçoit que leur jeu est plutôt catastrophique. Pour masquer tout cela en 1930, on décida de les faire chanter plutôt que  parler, ceci dans le but de cacher leurs défauts d’élocution.  Le résultat est alors inattendu : le succès est considérable.  Le film est « The Wagon Master ».  L’un de ces célèbres chanteurs est nul autre que « Gene Autry », qui avait pris la place du « Cow-boy chantant » dans un film, afin de cantonner ce dernier uniquement aux scènes de bagarres et d’actions.  D’autres célébrités sont : « Roy Rogers du groupe Sons of The Pioners et Patsy Montana » avec le très célèbre « I Want To Be A Cow-boy Sweetheart » en 1935. Mais dès 1945, avec l’évolution du cinéma, des technologies, et le besoin de renouveau, le style s’étouffe peu à peu.  C’est en 1955 que « Rex Allen » devient le dernier « Cow-boy chantant » du cinéma avec le film « Down Laredo Way ».

 

Dans les années 1930, la musique montagnarde ne change presque pas mais poursuit un approfondissement et un prolongement de la ‘tradition Old time’.  Nashville et le « Grand Ole Opry » se flattent de résister à la corruption de la Musique Country.   Vedette du « Grand Ole Opry », « Roy Acuff » forme un petit orchestre, « les Smokey Mountain Boys (Speckled et Wabash Cannon Ball) ».  En modernisant constamment son orchestre, « Roy Acuff » a peu à peu joué un rôle de défenseur farouche de la tradition montagnarde au « Ole Opry ». 

 

Au début des années 1940, c’est toute la musique traditionnelle Appalachienne qui est en déclin.   De plus, l’influence de la Musique Country d’origine montagnarde se ressert géographiquement pour se situer autour de Nashville et des États du Sud Appalachien.  Face à cette situation, il devient de plus en plus inévitable que la Musique Country s’ouvre aux autres sons modernes de la musique du Sud Ouest pour qu’elle puisse survivre.  

 

Quatrième partie

 

Western Swing....

 

C’est dans les années 1930 qu’est né le « Western Swing » au Texas.  Un État alors relativement peu peuplé.  Mais le pétrole change tout cela et attire de nombreuses personnes dans ces lieux semi-désertiques, alors ouverts à toutes sortes de musiques, mais surtout influencés par le jazz de la Nouvelle-Orléans et la musique mexicaine. Il y avait bien le chant Cow-boy et la tradition anglo-irlandaise, mais ils ne s’imposaient pas vraiment.  Le Texas, de par son exploitation pétrolière, se peuple rapidement jusqu’à la fin des années 1920.  Les nouveaux habitants apportent avec eux la tradition de leur région, notamment celle des orchestres à cordes des Appalaches, mais aussi les réunions communautaires du samedi soir.  Les Texans ont du mal à accepter la morale des gens venus des Appalaches, ainsi que les danses où l’on ne se touche pas vraiment.  Ces réunions du samedi soir connaissent un très grand succès, de sorte que les salles devenues trop petites, s’agrandissent au point tel que l’on n’entend bientôt quasiment plus les orchestres jouer. Les orchestres eux aussi s’agrandissent rapidement, y ajoutant des cuivres comme à la Nouvelle-Orléans, une section rythmique basse, batterie, et ensuite des instruments électriques empruntés au blues et au jazz.

 

La musique texane des années 1930 sert surtout à distraire et à faire danser, souvent sur des paroles absurdes et des jeux de mots douteux.  Cette musique dégage par-dessus tout un swing irrésistible, d’où le nom qu’on lui a progressivement attribué.  De nombreux artistes de « Western Swing » ont également joué dans des westerns cinématographiques. Cependant le « Western Swing » a ouvert la voie à tous les autres genres de la Musique Country, dans laquelle on a introduit l’improvisation instrumentale.  Il existe deux phénomènes musicaux particuliers qu’il ne faut pas négliger.  Il s’agit tout d’abord de la musique cajun, qui se caractérise par une prédominance du folklore français imbibé de blues noir et de violon Appalachien.  À côté du traditionnel violon,  l’instrument privilégié de la musique cajun, il y a l’accordéon apporté par les allemands au cours du XIXième siècle.  La musique cajun va incorporer à ses composantes d’autres éléments comme le « Western Swing » et le Rythm and blues noir des années 40.  Le second phénomène qui est très particulier est celui de « Woody Guthrie ».  Compositeur de textes très ‘littéraires’ chaleureux et généreux, il s’exprime dans la plus pure tradition country.  Son style de guitare est inspiré de « Maybelle Carter » de la « Famille Carter ».  Très fidèle à sa personnalité, « Woody Guthrie », restera en marge de ce courant.  

 

L’un des pères fondateurs de ce style n’est nul autre que le célèbre violoniste « Bob Wills », grand ami du père de « Lee Roy Parnell ».  Il y eu aussi « Milton Brown, Bill Boyd, Spade Cooley ».  Cependant, l’après-guerre sonne le déclin du « Western Swing », avec entre autres l’arrivée des « Juke-Boxes », plus rentables que les grands orchestres de « Western Swing » qui s’éteignent doucement dans les années 1950.

 

Les bouleversements de l’après-guerre, les doutes, les interrogations, l’existence du sud rural prolétaire, l’incorporation massive des jeunes dans l’armée vont influencer grandement la Musique Country.  L’innocence et la naïveté des thèmes des années 1930 laissent place progressivement à la nostalgie et à l’amertume.  C’est ce qu’explique dans sa chanson « Ted Daffan » avec « Born To Lose » qui devient un succès auprès des travailleurs sudistes.  Ce morceau a été superbement repris par « LeAnn Rimes ».

 

Dès lors, des sujets tabous, autrefois interdits dans la Musique Country y font leur apparition : le divorce, l’alcool, l’infidélité, le tabac, la vie dissolue… La morale d’hier est encore trop proche pour ne pas laisser de traces, cette nouvelle vie est vécue comme une trahison, une débauche.  C’est ainsi que peu à peu, cette musique amère, désabusée et pessimiste devient prédominante dans le country.  Le lieu central d’action de ces chansons sont les bars miteux, les « Honky Tonk ».

 

Après l’après-guerre, les grandes maisons de disques ont du mal à trouver les goûts musicaux de l’auditoire.  C’est dans ce flou artistique, alors que les coûts de production et de fabrication de disques diminuent que les ‘labels’ indépendants voient le jour.  Ils essaient  dès lors d’occuper des créneaux peu exploités par les majeurs.  Ces musiques sont souvent le résultat du brassage de populations minoritaires, c’est ainsi que de nouvelles compagnies indépendantes vont donner le jour au « Honky Tonk ».

 

Honky Tonk....

 

vers les années 1940, le « Honky Tonk » prend ses racines dans la grande crise de 1930 et dans le pessimisme prédominant de cette décennie. Le « Honky Tonk » est le prolongement logique de la Musique Country dans son histoire.  En fait, il succède au « Western Swing » au fur et à mesure que la formule des grands orchestres devient plus viable.

 

La formation d’un groupe de « Honky Tonk » est souvent la même : un chanteur (souvent guitariste), une guitare électrique, un violon, un piano, une contrebasse, une batterie et une steel guitare qui devient un instrument prédominant à cette époque, et qui aujourd’hui reste encore un emblème du country.  Venu à l’origine du Texas, le « Honky Tonk » devient aussi la musique préférée des Appalaches, ce qui est étonnant, puisque c’est la réunion d’un style moderne et d’un style nettement plus traditionnel. A la fin de la guerre, les groupes de Nashville s’inspirent énormément du style ‘jazz hot’ qui vise à faire danser. C’est le mélange du style Appalachien et de la musique de l’ouest : « Carl Smith, Ernest Tubb (la chanson « Walking The Floor Over You » connaît un énorme succès en 1942), Merle Travis, Lefty Frizzel (repris récemment par « Merle  Haggard » avec « If You Got The Money, I’ve Got Yhe Time » qui date de 1950), Tennessee Ernie Ford…

 

Étant écrivain, dessinateur, compositeur, acteur de cinéma, chanteur et guitariste « Merle Travis » devient un des pionniers du « Honky Tonk » à partir de 1946.  Il grave une série de pièces rythmées, pleines de verve et d’humour « So Round, So Firm, So Fully Packed… ».  Il a eu beaucoup d’influence sur « Chet Atkins et Doc Watson ».  En 1946 « Hank Thompson » débute dans le genre « Western Swing ».  Il devient vite une vedette du « Honky Tonk » avec « Wild Side Of Life », car il a su adapter sa musique pleine de swing et d’humour aux nouveaux courants de la Musique Country.  

 

Le « Honky Tonk » était vraiment le mixage de tous les styles de country d’avant-guerre, et a vu la synthèse de sa particularité au sommet, avec un chanteur qui apparaissait comme un pur chanteur « Honky Tonk »;  celui-ci a influencé la plupart des musiciens actuels et j’ai nommé « Hank Williams ».  Ses chansons « Cold Cold Heart, Jambalaya, Your Cheat’ Heart » ont été reprises par tous les grands de la Musique Country, mais aussi par des gens comme « Ray Charles, Elvis Presley, Tony Bennett… ».  Il est mort alcoolique à 29 ans alors qu’il était une superstar…  Il sera élu au « Country Hall Of Fame » en 1961 et il se révèle comme une des figures emblématiques de la Musique Country.

 

Il apparaît alors de nouveaux artistes qui n’utilisent pas les sons jazzy du « Honky Tonk ».  C’est le cas par exemple de « Slim Whitman » ou encore « d’Hank Snow ».  Ce dernier devenu vedette au « Grand Ole Opry » a toujours lutté contre la sur-commercialisation de la Musique Country.

 

Parallèlement à cela se développe un courant féminin de la Musique Country.  La guerre, qui donne une autre place économique et sociale à la femme, provoque ce changement.  Ces solistes féminines se partagent dorénavant la vedette avec les solistes masculins, alors que quelques années plus tôt, leur présence était surtout à l’intérieur de groupes.  Voici quelques exemples de « Honky Tonk Girls ».  D’abord « Kitty Wells », première grande vedette féminine (qui a commencé en duo avec son mari « Johnny Wright ») ; elle s’impose en solo en 1952 avec « It Wasn’t God That Made Honky Tonk Angels ».  Il y a aussi « Laverne Williamson » qui mêle la tradition montagnarde aux rythmes du « Honky Tonk ».   En outre, « Jean Shepard » est considérée comme le modèle féminin du « Honky Tonk », alors que « Rose Maddox » influencée par le « Western Swing » va se distinguer par sa musique swingante qui la fera apparaître comme une précurseur du « Rockabilly ». 

 

Le « Honky Tonk » connaît un succès commercial sans précédent, les ventes atteignent des sommets. De nos jours encore le « Honky Tonk » a toute sa place, et ce n’est pas des artistes comme « Heather Myles » ou bien même « Alan Jackson » sur bon nombre de ses morceaux qui contrediront cet état de fait.

 

Cinquième partie

 

Bluegrass…

 

Dans les années 1940 – 1950, le « Honky Tonk » est triomphant, faisant même l’unanimité.  C’est en partie en réaction à cette ‘débauche morale et musicale’ que « Bill Monroe » se présente comme un fervent défenseur de la tradition montagnarde et de la musique « Old Time ».  Débutant dans les années 1930, mais n’émergeant réellement que dans les années 1930 – 1940, le « Bluegrass » est à son heure de gloire dans les années 1940 à 1950.  Utilisant des instruments traditionnels acoustiques, « Bill Monroe » au doigté très rapide, et « Earl Scruggs » développent la virtuosité du jeu, notamment de la mandoline mais aussi du banjo, et surtout ces fameuses harmonies vocales avec une justesse de chant impressionnante. 

 

La particularité du « Bluegrass » est la succession de solistes, souvent virtuoses, qui improvisent, choses reprises aux petites formations de jazz, mais avec les instruments typiques du « Bluegrass », tels que la mandoline, guitare, banjo, contrebasse, dobro et violon.  Si le « Bluegrass » se veut réactionnaire vis-à-vis du « Honky Tonk » ou du « Western Swing », il n’en est pas moins révolutionnaire dans le jeu et l’originalité.  Par ailleurs, le « Bluegrass » a pour objectif de redonner des morales et de stopper les exagérations du « Western Swing » puis du « Honky Tonk ».  « Bill Monroe » se veut un défenseur de la morale et de la tradition.  Ce n’est pas pour rien qu’il se présente en scène avec un costume et un grand chapeau blanc.

 

De nos jours, et depuis la bande originale du film « O’Brother », le « Bluegrass » fait un impressionnant retour en force.  Bien que depuis son invention, il ne soit jamais disparu, les années 2000 montrent un intérêt grandissant pour ce retour aux racines.  En effet, quel bonheur d’écouter des artistes actuels se faire plaisir sur de la musique acoustique, tel qu’il y avait voilà 60 à 70 ans, mais avec une qualité sonore de beaucoup supérieure. 

 

Écoutez « Patty Loveless » faire des prouesses vocales sur son album « Mountain Soul » sorti en 2001, ou bien encore l’intégralité des discographies de « Rhonda Vincent et Alison Krauss », bien que mélangeant « Bluegrass et Folk », « The Lynn Morris Band… ».  Plus étonnant, des artistes qui sortent de leur registre habituel et qui excellent dans un petit morceau de « Bluegrass ».  « Garth Brooks » avec « Don’t Cross The River » sur son dernier album « Scarecrow », mais aussi « Alan Jackson » qui rend hommage à « ZZ Top » sur le ‘tribute’ « Sharp Dressed Men », et même « Travis Tritt » qui fait la seconde voix sur certains morceaux de l’album de « Patty Loveless ».  Sa Compilation « O’Sister », sortie dernièrement, vous fera découvrir les meilleures artistes « Bluegrass » féminines d’aujourd’hui.  Mais n’hésitez pas non plus à vous plonger à la rencontre des grands d’hier, tels les « Lester Flatt, Stanley Brothers… ».  Sachez que le premier morceau enregistré par le « King Elvis » ne fut autre que « Blue Moon Of Kentucky » de « Monroe et Scruggs ».

 





Hillbilly Boogie…

 

Arrivant du « Western Swing » mais plus influencé par le gospel et le blues, « Moon Mullican » va apporter une nouvelle manière de jouer le piano sur un tempo original : le « Boogie » (Boogie Woogie) : ce style s’appellera le « Hillbilly Boogie » (Hillbilly, en référence au origine country).

 

Le « Hillbilly Boogie » a connu son heure de gloire dans la période 1940 – 1950 avec la ‘guitar boogie’ « d’Arthur Smith »;  le « Hillbilly » des « Delmore Brothers » va, avec les œuvres de « Merle Travis » et grâce à une grande prédominance acoustique, jeter les bases de la musique moderne.  On s’accorde à dire aujourd’hui que le « Hillbilly » va donner naissance au « Rockabilly », au « Rock ’n’ Roll » et au « Rythm ’an’ Blues » : mais il n’est nul besoin de se rappeler qu’un « Bill Haley » fut d’abord un chanteur de « Hillbilly Country ».

 

Cette évolution est vraiment essentielle pour la Musique Country, car elle donne ses racines à la Musique Country moderne appelée : la « Country and Western ».

 

Cajun…

 

Cette musique est née fin du 18ème siècle, mais fut influencée tout au long de son histoire. La musique « Cajun » est un mélange de genres musicaux et d’influences culturelles. Ses racines puisent dans le vieux folklore français des Cajuns, mais s’entendent aussi dans la musique américaine, amérindienne, allemande, espagnole et africaine.

 

Les colons français installés dans la province canadienne d’Acadie en 1604, furent déportés par les Anglais au milieu du XVIIIième siècle, trouvant refuge en Louisiane dans les marécages (Bayous) de la région de Lafayette.  La Louisiane devenant américaine en 1803, le peuple cajun maintint la tradition musicale, l’instrument traditionnel était à l’origine le violon, mais l’accordéon diatonique s’est vite imposé au début du 20ème siècle.

 

C’est en 1928 que les premiers disques de Musique Cajun furent enregistrés par « Joseph Falcon » notamment les célèbres « Lafayette et The Waltz ».

 

À l’origine inspirée du folklore français, le Musique Cajun assimila successivement les influences des cultures musicales avoisinantes, utilisant outre l’accordéon, le ‘fiddle’ du « Western Swing » ainsi que les rythmes du blues, du rock de la Nouvelle-Orléans, mais en conservant dans le répertoire, des valses et ballades.  La Musique Cajun connaît deux styles : la « Cajun » proprement dit (traditionnel) et le « Zydeco » (style ‘haricot’) de « Clifton Chenier » dont le célèbre « Joe Blon » « d’Harry Choates » est reconnu comme un des plus grands succès de la Musique Country.  De nos jours, cette musique connaît un véritable essor et fait partie intégrante des musiques régionales d’Amérique du Nord.  Il existe un nombre important d’artistes et d’interprètes de ce style musical : « Zacharie Richard, Alfonse Ardoin, Dennis McGee, Michael Doucet, Sady Courville, Bee Deshotels, Wallace Read, Milton Molitor, Alex Broussard, Doc Guidry » et bien d’autres encore !

 

Mais la chanson la plus célèbre consacrée aux habitants des ‘Bayous’ est sûrement « Jambalaya » de Hank Williams » dont la paternité des paroles fut également revendiquée par « Moon Mullican ».  Ce dernier fit un succès avec « New Joe Blon ».  On peut dire que « Williams et Mullican » furent les précurseurs du « Rockabilly » et du « Rock ‘n’ Roll ».

 

Rockabilly…

 

C’est dans les années où la Musique Country semble la plus prospère qu’elle connaît sa plus grande crise. C’est dans cette euphorie que la Musique Country n’a pas vu venir la vague contestataire du « Rockabilly ».  Les termes « Rock » et « Roll » étaient usuellement employés par les chanteurs noirs pour inviter à la danse.  Mais une connotation érotique contenue dans un second degré les avait fait bannir du vocabulaire des chanteurs blancs.

 

On sait que l’influence noire a été constante sur la Musique Country.  Avec le « Honky Tonk », c’est toute la Musique Country qui est imbibée d’influences noires.  Dès lors, la Musique Country comprend de plus en plus de « Boogie Woogie ».   « Arthur Smith, Merle Travis, Moon Mullican, Hank Williams » apparaissent comme les précurseurs du Rockabilly.

 

En 1952, « Alan Freed » va plus loin en proposant un programme radiophonique de musique rythmée du nom de « Moondog Rock and Roll Party » pour le public blanc, avec une majorité de chanteurs noirs.  Le succès sera tel qu’on donnera son nom à cette nouvelle musique.

  

Pendant la même période, « Bill Haley » un chanteur guitariste, fanatique de « Western Swing » et de « Rythm’ an’ Blues », connaît une grande popularité.  Avec « Rock Around The Clock » en 1955, « Bill Haley » transforme son succès en un véritable phénomène de société et fait du « Rock ‘n’ Roll » la musique des jeunes de toute l’Amérique.

 

C’est sous l’impulsion de « Sam Phillips » que ce nouveau genre de musique va se faire connaître véritablement.  « Sam Phillips » fasciné par le ‘feeling’ des chanteurs noirs se met à la recherche d’un jeune blanc qui serait capable de faire de même.  C’est au cours de l’été 1954 qu’il trouve l’homme qu’il lui faut.  Il s’agit d’un jeune camionneur, originaire de Tupelo, Mississipi.  Son nom « Elvis Aaron Presley ».  Il l’enregistra le 5 juillet 1954 en compagnie de « Bill Black » (bassiste) et de « Scooty Moore » (guitariste).  C’est à ce jour précis que le « Rockabilly » est né, étant un emprunt à la Musique Country et au blues noir, c’est à dire une synthèse du « Hillbilly Boogie » et du « Rock ‘n’ Roll » qui avaient été popularisés par « Bill Haley et Alan Freed ». 

 

La voie est maintenant ouverte à cette nouvelle musique grâce à « Elvis Presley ».  Entre 1954 et 1958 le « Rockabilly » domine la Musique Country, il est la concrétisation musicale de la révolte d’une classe d’âge au sein de la société blanche du sud.  Il y aura également un impact sur les jeunes blancs du nord ainsi qu’en Europe.  Le « Rockabilly » ne connaîtra en fait qu’un bref  ‘âge d’or’  puisque dès 1957 – 1958 il se dissout de plus en plus dans le Rock ‘n’ Roll, en oubliant ses traits caractéristiques.  « Sam Phillips » restera une figure de la musique américaine d’après-guerre et sera l’objet d’un culte parmi les amateurs. 

 

La Musique Country pendant ce temps-là semble ne plus avoir existé puisque les artistes les plus confirmés enregistrent des morceaux de « Rockabilly ».  L’existence du « Rockabilly » au sein de la Musique Country l’aura finalement obligée à se renforcer, à se redéfinir et à s’adapter.

 

En effet, de l’influence noire au « Western Swing » , en passant par l’usage de la basse claquante et son rythme, les ingrédients du « Rockabilly » ont presque tous existé dans la Musique Country avant son émergence. 

 

L’innovation du « Rockabilly » est son impact commercial ainsi que la sensualité qu’il dégage.  Comme ces éléments sont les caractéristiques des adolescents sudistes, il était incontournable que la Musique Country les englobe tout comme elle l’avait précédemment fait pour les autres innovations.

 

Quelques artistes qui ont marqué le « Rockabilly ».  « Elvis Presley », avec la violence de son phrasé, la sensualité de sa voix chaude et son jeu scénique et provocateur lui ont assuré un succès phénoménal.  « Jailhouse Rock, Good Rockin’ Tonight,… ».  En outre, « Johnny Cash », dans ses chansons, le rythme est important; il est  ponctué de solos de guitares électriques.  Superbe compositeur, il traitera parfois des problèmes de société.  Il reste fidèle à la musique de ses débuts.  Pour ce qui est de « Jerry Lee Lewis », son répertoire, il l’emprunte aussi bien au « Honky Tonk » qu’au « Rythm ‘an’ Blues », mais il n’oublie pas d’apporter sa touche personnelle indélébile.  Il a su s’adapter au mouvement du « Rockabilly », restant encore aujourd’hui un nom important de la Musique Country.

 

On n’oubliera pas de citer « Gene Vincent », compositeur du célèbre « Be Bop a Lula ».  Par ailleurs, « Buddy Holly » pratique une musique plus douce et tranquille que les autres artistes, mais ceci n’empêche pas un rythme effervescent.  « Wanda Jackson »,  ‘Reine’ incontestable du « Rockabilly », elle a su se maintenir au premier plan de la Musique Country au moyen de ballades « In The Middle Of Heartache » et d’une reconversion au gospel.

 

La période de 1954 à 1958 demeure un des moments les plus créateurs de l’histoire de la Musique Country.  Face à la concurrence du « Rockabilly », le monde de la Musique Country réagit en s’engageant dans la voie de la commercialisation à outrance,  créant le « Nashville Sound ».

 

Sixième partie

 

Nashville sound…

 

Depuis toujours, le désir pour certains artistes de paraître ‘urbain’ ou encore, de coller le plus possible aux variétés américaines, était en germe dans la Musique Country.  Ce sentiment est très fort après-guerre;  l’immigration, l’industrialisation dans les villes du nord permettent aux chanteurs d’atteindre un nouveau public, à priori rebuté par la musique d’origine rurale.

 

Dès la fin de la guerre, nombre d’artistes sudistes ont commencé à adopter des sonorités plus douces, commerciales, ‘easy listening’ (faciles à écouter).  Ceci leur a valu d’ailleurs le surnom familier de ‘Country Crooners’ , puisqu’ils essayaient de faire concurrence aux vrais ‘crooners’ comme « Frank Sinatra ou Frankie Laine ».  Les « Country Crooners » ont eu un parcours traditionnel, mais la vie, les goûts personnels leur ont permis d’élargir leur audience. 

 

Le premier véritable « Country Crooner » est « Eddy Arnold ».  Il entreprend sa carrière en 1944 (de 1937 – 1944, il agit comme chanteur de « Pee Wee King »).  C’est en faisant de nombreux efforts pour se débarrasser de son image rural (accent, jeu de scène), et c’est en étant l’un des premiers à s’élancer dans un style urbain et policé, qu’il pourra déborder amplement le public de la Musique Country.

 

me si « Clyde ‘Red’ Foley » a des racines rurales plus ou moins prononcées, ses réels efforts lui ont permis d’être considéré comme un « Country Crooner ».  Ce sont avec des pièces comme « Mississipi, Midnight » qu’il a connu un gros succès, s’imposant ainsi comme le ‘Gentleman’ de la Musique Country.

 

S’investissant corps et âme dans la guitare, « Chet Atkins » met au point un jeu à quatre doigts ultra sophistiqué et complexe.  Dès 1950, ce jeu de guitare lui permet d’enregistrer pour RCA. Son talent incontesté lui permet de devenir l’accompagnateur le plus demandé au « Grand Ole Opry ».  Pour l’ouverture d’un bureau permanent à Nashville, RCA choisit naturellement « Chet Atkins » pour en prendre la direction.  Il rassemblera les musiciens, s’occupera des arrangements et des séances.  Il sera principalement entouré des mêmes musiciens de Nashville dont : « Hank Garland et Grady Martin » (tous deux guitaristes), « Floyd Cramer » (pianiste), « Bob Moore » (bassiste), « Charlie McCoy » (harmoniciste).  Ils deviendront les premiers musiciens de studio à Nashville.  Une longue amitié et une pratique musicale commune et ancienne leur permettent de constituer un clan fraternel qui saura s’imposer à Nashville.

 

Ce « Nashville Sound » est une musique perfectionniste, élégante, légèrement marquée par le jazz mais également décontractée et facile à écouter.  Le professionnalisme de ces musiciens vont leur assurer une omniprésence quasi écrasante.  Le succès commercial que « Chet Atkins » recherche, il l’obtiendra avec « Eddy Arnold ».  Il poursuivra dans cette même voie, en capturant tout ce qui rappelle trop les origines rurales de la Musique Country, renforçant ainsi le rythme avec une double ligne de basses (contrebasse, basse électrique).

 

Face au « Rock ‘n’ Roll » « Chet Atkins » apparaît comme le seul espoir de Nashville.  Il décide alors de se lancer dans deux directions.  Tout d’abord, il accueillera tous les amateurs de variétés qui ne se reconnaissent pas dans le « Rock ‘n’ Roll ».  Puis, il récupéra les artistes du « Rockabilly ».  Il commercialise encore le « Nashville Sound » en y ajoutant des violonades et le chœur, au son sophistiqué de ses musiciens de studio.

 

En compagnie d’autres producteurs, « Don Law, Owen Bradley », de la chanteuse « Anita Kerr » ainsi que de quelques musiciens de studio, « Chet Atkins » impose définitivement le « Nashville Sound » au sein comme au-dehors de la Musique Country.  Mais au cours des années 1960, la sur-commercialisation du « Nashville Sound » finit par le transformer en une sorte de musique d’ambiance aseptisée… c’est pourquoi « Chet Atkins », lui même, prônera un retour à la tradition.

 

Le « Nashville Sound » en donnant une teinte urbaine et policée à la Musique Country, lui a donné aussi l’honorabilité que les ‘hillbillies’ souhaitaient eux-mêmes acquérir.  Ceci explique sans nul doute le long succès des principaux artistes du « Nashville Sound » comme : « Jim Reeves, Marty Robbins, Patsy Cline, Skeeter Davis, Connie Smith… ».

 

Entre le « Rockabilly » et le « Nashville Sound », le « Honky Tonk » a maintenu une présence discrète mais réelle, grâce à des musiciens fidèles aux sources.  Ce nouvel « Honky Tonk » a incorporé quelques sonorités à la mode, celles du « Nashville Sound » mais surtout celles du « Rockabilly ».  Il délaissera le violon mais la steel guitare atteindra une omniprésence générale.  Ceci sera possible grâce à de remarquables musiciens, tels que «  Pete Drake, Lloyd Green, Buddy Emmons, Speedy West ou Ralph Mooney ».

 

Autour de ce « Honky Tonk » , irisé d’un soupçon de « Rockabilly » se formera un bloc traditionaliste qui s’opposera au « Nashville Sound » et à tous ses excès.  De 1958 à 1962, « Ray Price » s’imposera comme le tenant de la tradition « Honky Tonk » avec « Crazy Arms, City Light, My Shoes Keep Walking To You ».  « George Jones » , quant à lui, fortement influencé par « Hank Williams », ne connaîtra le succès qu’au début des années 1960 à Nashville, où il apparaîtra comme un défenseur farouche de la tradition « Honky Tonk » « The Window Up Above, She Thinks I Still Care, Why Baby Why ».  Par ailleurs, « Red Sovine » a créé un genre particulier de la Musique Country, la chanson pour routiers, promus au rang de nouveaux cow-boys sillonnant l’Amérique moderne.  Son style est très rythmé, ancré dans le « Honky Tonk » , avec de forts emprunts au « Rockabilly » « Giddyup 60, Phantom 309, Teddy Bear ».  « Johnny Horton » est connu pour « Honky Tonk Man Style », très proche du « Rockabilly » mais également pour ses sagas historiques « Sink The Bismark, North To Alaska, Battle Of New Orleans ».

 

Ces artistes et encore bien d’autres ont su démontrer par leur succès que la Musique Country, soumise à l’électrochoc du « Rockabilly » puis à l’anesthésie du « Nashville Sound » a réussi à conserver un important fond traditionnel qui se révélera être une ressource importante à partir du milieu des années 1960.

 

Folk…

 

C’est dans les années 1920 – 1930 que ce phénomène prend ses racines au sein de l’intelligentsia de New-York.  Ce courant de pensée défend les valeurs jugées fondamentales de l’Amérique : liberté, démocratie, autarcie culturelle et économique…  Ce phénomène attire de nombreux ‘Countrymen’ dont « Woody Guthrie ».

 

L’idéalisme de cette musique est défendu dans les universités du Nord.  Le « Folk » est une musique essentiellement acoustique qui devient un véritable moyen de contestation de la société existante.  Ses porte-parole sont : « Bob Dylan, Pete Seeger… ».  Contradictoire, ce mouvement prend ses racines dans la tradition sudiste et de « l’Old Time Music » qui prêchaient une culture traditionaliste, conservatrice et ségrégationniste, ce qui est un paradoxe, puisque par ce biais, les Dylan et autres réactionnaires prônent l’antiraciste, l’idéologie progressiste…  Mais ce que l’on peut dire, c’est que le « Folk boom » a permis au Nord de s’ouvrir aux musiques du sud.  C’est ainsi que « l’Old Time Music » a réagi, c’est « l’Old Time Revival » dans les années 1960, avec « Doc Watson » ; mais aussi le « Bluegrass » avec le « Newgrass ».  C’est pour ainsi dire, une période qui manque d’identité.

 

The Outlaws…

 

C’est à la fin des années 1960, qu’en réaction au « Nashville Sound » et contre les ‘Crooners’ du ‘Country Pop’ des années 1970 que naît ce mouvement. 

 

C’étaient des musiciens qui prétendaient faire leur propre country et être indépendants du monde de Nashville du point de vue de l’écriture, de la production et des arrangements de leur musique.  Ce sont souvent des marginaux qui n’entrent plus dans les valeurs du country, et qui bien souvent ont fait de la prison, ont été alcooliques…  Ils intéressent souvent plus le monde du « Rock », des hippies…  Les plus connus d’entre eux sont : « Waylon Jennings, Willie Nelson, Kris Kristoferson… »  Bien qu’ils renient la Musique Country de cette époque, ils n’hésitent pas à revendiquer leurs influences country de cette même époque.  Cela n’empêche pas un certain succès, mais idéologiquement peu précis.

 

Heureusement, on s’achemine vers une période magnifique : « Le New Country ».

 

Le New Country…

 

Depuis le début des années 1980 et jusqu’à nos jours,  la Musique Country connaît un engouement considérable, devenant par là même, une industrie fort rentable et prospère.  Si comme on a pu le voir, chaque période de 20 à 30 ans a vu naître un style de country nouveau, tout en laissant la place aux anciens, les années 80 marquent une nouvelle ère. En effet, il ne s’agit plus là, véritablement d’un nouveau style, bien que le côté country rock se fasse une place de plus en plus importante, mais d’une nouvelle façon de faire les choses.

 

Tous les styles de country ont été faits; maintenant, il s’agit d’élever le niveau musical, la qualité du son, etc…  Un même artiste peut très bien faire du « Bluegrass » du « Country Rock » du « Honky Tonk », à l’exemple de « Garth Brooks » dans son album « Scarecrow » qui réunit quasiment tous les styles de country existants.  Cependant, un artiste peut aussi rester dans un style précis, tout comme « Heater Myles » pour le « Honky Tonk ».  Le « New Country » est cette émergence de talents nouveaux qui, petit à petit remplacent les stars de l’époque qui, malheureusement disparaissent les unes après les autres, et qui arrivent avec un talent et un niveau musical bien souvent supérieurs.  C’est une période qui peut apparaître comme rassurante pour la pérennité de la Musique country, car elle démontre que malgré les mouvements des temps passés, la dureté qu’elle a subie et ses revers au cours de l’histoire, elle a toujours su réapparaître et revenir sur le devant de la scène, plus forte que jamais. Depuis le début des années 1980, la Musique Country s’est étendue au monde entier, notamment en Australie, en Suisse et en Allemagne, mais malheureusement guère en France, bien que la tendance ait l’air de s’inverser…

 

Souvent critiquée par bien des gens, comme une musique facile et faite à la chaîne, on s’aperçoit vite que cela n’est pas le cas, et bien au contraire, la complexité de certains morceaux, de certaines productions laisserait rêveurs bien des jazzmen.  La Musique Country s’est beaucoup développée par le biais de l’époque « Folk » des années 60 à 70, et bien souvent ces gens qui pensent connaître ce qu’est la Musique Country, parce qu’ils connaissent deux artistes et demi affirment que le « New Country » est mauvais.  Je leur dirai simplement :  écoutez les « Alan Jackson, Darryl Worley », en passant par « Trick Poney, Randy Travis, Travis Tritt, Dixie Chicks » et plusieurs autres;  le « New Country » atteint des sommets en qualité et en diversité. 

 

Il est évident que vous trouverez l’artiste qui vous fera vibrer.  Et encore, cette année a vu apparaître des ‘newcomers’, ces nouveaux artistes qui seront la relève de demain, et qui n’ont rien à envier à leurs prédécesseurs : « Joe Nichols, Kevin Denny… ».  La Musique Country est aussi une façon de vivre.  Il faut bien souvent faire l’effort d’aller au devant d’un nouvel artiste, d’écouter plusieurs fois un ‘CD’ pour s’y baigner complètement.  La Musique Country est une musique culturelle qui s’apprend.  Cela demande des efforts, mais quel plaisir de savourer ces mélodies légendaires qui nous ont tous fait rêver un jour ou l’autre, et qui nous feront rêver longtemps encore.

 

Septième partie

 

Son caractère canadien…

 

La musique country canadienne a généralement suivi le modèle de celle des États-Unis mais  elle a aussi développé certaines caractéristiques distinctives.  Du fait que les cultures ethniques n’aient pas été assimilées au Canada comme elles le furent aux États-Unis, le folklore européen et les styles de musique populaire ont eu une influence indéniable sur la musique country,particulièrement dans l’Ouest.  Ces influences sont bien visibles dans la musique des accordéonistes « Gaby Hass (Tchécoslovaquie), Walter Ostanek (Slovénie) et Olaf Sveen (Norvège) » ,des violoneux « Al Cherny et Victor Pasowisty (Ukraine), de la Carlton Showband, de Larry McKee and The Shandonairs et des Irish Rovers (Irlande), ainsi que des Emarald, Polka Dots, Western Senators et D-Drifters 5 (Europe de l’est) ».

 

Les styles vocaux du country canadien diffèrent également de ceux des États-Unis dans la mesure où ils utilisent des accents régionaux.  Les chanteurs canadiens ont généralement une voix plus grave et moins nasillarde que leurs collègues des États-Unis, avec une prononciation plus nette, moins nonchalante et escamotée. Le style canadien, particulièrement celui de « Hank Snow et de Wilf Carter » a influencé à son tour plusieurs chanteurs des États-Unis dont Johnny Cash.  Les sujets communs aux chansons country des États-Unis que « George Hamilton IV » appelait  ‘des fraudes sur l’alcool, les femmes et l’errance’  ne sont pas absents des chansons canadiennes.  Cependant, un plus grand nombre de chansons canadiennes restent liées à la tradition de la 'balade’ de la musique folklorique nord-américaine.  Comme beaucoup de ces chansons plaisent également à un auditoire non rural, il existe au Canada une catégorie unique d’interprètes et de compositeurs (sans équivalent important au États-Unis) populaires à la fois auprès des auditoires ruraux et urbains.  Parmi ceux-ci figurent « Willie P. Bennett, Roy Forbes, les Good Brothers, Gordon Lighfoot, Murray McLauchlan, Colleen Peterson, Bob Ruzicka, Ian Tyson, Sylvia Tyson, Valdy et Sneezy Waters » dont quelques uns ont cherché à répondre, ces dernières années, aux goûts de l’auditoire country en raison du temps d’antenne limité accordé au genre folk.  En retour, l’influence de la musique folk contemporaine est présente dans les chansons des artistes country « Dick Damron et Gary Fjellgaard ».  Beaucoup de chansons country canadiennes ont été endisquées par des musiciens américains.  Parmi les plus populaires, on retrouve « Bluebird on Your Windowsill (Elisabeth Clarke), Canadian Pacific (Ray Griff), Countryfield (Dick Damron), Four Strong Winds (Ian Tyson), The Ghost of Bras d’Or (Charlie MacKinnon), I’m Movin’ On (Hank Snow) » pour ne nommer que celles-là.

 

Au nombre des artistes nés au Canada et qui ont connu une carrière fructueuse aux États-Unis se trouvent « Wilf Carter (sous le nom de Montana Slim), Don Devaney, Sonny Green, Ray Griff, Ernie Hagar, Bob Nolan, Stu Phillips, Ronnie Prophet, Bob Regan, Lucille Starr, Hank Snow et Scott Turner ».  «  Neil Young » a fait de la musique country un de ses principaux intérêts.  Il a endisqué et fait des tournées dans ce contexte au milieu des années 1980.  D’autres Canadiens connurent des succès sur disque aux États-Unis mais sont restés au Canada ou y sont revenus.  Il s’agit notamment de « Gary Buck, Tommy Hunter, K. D. Lang, Myrna Lorrie, Anne Murray, Orval Prophet et Joyce Smith (‘Leave It On Your Mind’, 1961).  Parmi les interprètes nés aux États-Unis qui ont longtemps vécu, travaillé ou enregistré au Canada figurent « Harold ‘Lone Pine’ Breau et son épouse Betty Cody, Ronnie Hawkins, Tom Russell et George Hamilton IV, originaire de la Caroline du Nord, qui a été, grâce à ses enregistrements et à ses émissions de télévision, un ardent partisan de la musique country canadienne.  Beaucoup de Canadiens ont aussi connu la popularité en Europe dont : « Carroll Baker, Dick Damron et Dallas Harms » entre autres.  Certains ont commencé à y faire des tournées au milieu des années 1970.  « Lucille Star » et les artistes associés avec l’étiquette ‘Savannah’ « Gary Fjellgaard, les Good Brothers, Anita Peras etc… » y ont effectué la première de plusieurs visites à la fin des années 1980.  Au début de la décennie suivante, « Lang et Murray » ont conservé leur statut international et plusieurs nouveaux musiciens ou groupes ont commencé à susciter de l’intérêt aux États-Unis dont : «Sharon Anderson, Blue Rodeo, Eagle Feather, George Fox, Prairie Oyster, Brian Sklar, Michelle Wright et LoriYates.

 

Infrastructures médiatiques au Canada…

 

La radio demeura un média utile pour les artistes country jusqu’au milieu des années 1950, alors que les disques commencèrent à être utilisés de façon généralisée.  Ces disques étaient surtout américains, même si la réglementation du ‘CRTC’ mise en vigueur en 1970 rétablit dans une certaine mesure l’équilibre de la programmation.  Un sondage mené auprès de quelques 600 stations radio AM et FM au Canada en 1991 a déterminé qu’au moins 115 d’entre elles mettaient au programme un certain pourcentage de country.

 

La musique country a occupé une petite place à l’horaire de la télévision canadienne depuis 1952 avec « Holiday Ranch » à la ‘SRC’.  Suivirent d’autres émissions de la SRC qui présentèrent en vedette des artistes renommés tels « Messer, Phillips, Ganam, Hunter et Lorrie ».  Le « Tommy Hunter Show » a célébré sa 25e année en 1989.  Ultérieurement, le réseau ‘CTV’ offrit plusieurs séries de courte durée, notamment « Cross Canada Barndance », en provenance de Halifax et des émissions mettant en vedette « King Ganam et Ronnie Prophet ».  Des émissions relayées par plusieurs stations privées incluaient « At the Caribou de Harry Hibbs (1969 – 1975), Don Messer’s Jubilee (1969 – 1973) et The George Hamilton IV Show (1972 – 1979), toutes à la station CHCH-TV de Hamilton », ainsi qu’une suite de séries mettant en vedette la « Family Brown et Ronnie Prophet à CJOH, Ottawa ». 

 

Au Québec, plusieurs interprètes animèrent des séries locales ou régionales, notamment « Louis Bilodeau avec ‘Soirée Canadienne’ à CHLT, Sherbrooke (1960), Gary Buck, Jerry et Jo’Anne, Willie Lamothe, Tex Lecor,  André Lejeune avec ‘À la canadienne’ à la station CFTM, Montréal (1972 – 1977),  Lorrie,  Ti-Blanc Richard,  Ray St-Germain, Brian Sklar, Ian Tyson, Sylvia Tyson » ainsi que plusieurs autres. 

 

Des films documentaires ont été tournés sur « Jean Carignan, Wilf Carter, Cal Cavendish, Willie Lamothe, Don Messer, Anne Murray, Monsieur Pointu et d’autres.  Le milieu de la musique country a servi d’ambiance au film dramatique canadien « The Hard Part Begins (1973) » inspiré de la carrière de l’auteur compositeur interprète « Cliff Carroll », et à d’autres films mettant en vedette « Willie Lamothe et Marcel Martel ».

 

La couverture de la musique country dans la presse fut, durant plusieurs années, limitée à des articles occasionnels dans les journaux et revues.  Des chroniques canadiennes sont apparues dans des publications américaines, même si, détail significatif, une chronique dans la « Country Song Roundup » (années 1950) qualifiait souvent la musique canadienne de musique folklorique.  Plus tard, quelques publications canadiennes se spécialisèrent sur le sujet « Country Gentleman » (Toronto, 1965), « Country Music Vanguard » (d’abord ‘The Underground’, Montréal, 1967 – 1969, 1971 – 1987), « World of Country Music » (Toronto 1972 – 1973), « Country Music News » (Langley, C.-B. 1972 – 1974), « Down Home » (Orangeville, Ont., 1976 – 1981), « Country Music Connection » (Edmonton, 1976), « Fan Fair Country Music Magazine » (Saint Catherines, Ont., 1980 – 1981), plus tard « Jamboree Country Music, Capital Country News » (fondé à Ottawa en 1980 et rebaptisé ‘Country Music News’ en 1982), « Country » (né à Toronto en 1989) et « Country Wave » (Vancouver 1991) partagent tous leurs articles à des degrés variables entre interprètes canadiens et américains.   « RPM, The Record et Country Music News » ont compilé et publié des palmarès de succès country.  «RPM et The Record », de même que « Billboard » (New York) sont examinés dans « Country Canada »  de ‘Ted Kennedy’ (Kelowna, C.-B. 1989).  Des biographies ont été écrites sur ou par « Carter, Hunter, Lamothe, Messer, Patrick Norman et Ti-Blanc Richard ».  Une histoire complète du genre figure dans l’étude du ‘CRTC’ « The Country Music Industry in Canada » (Ottawa 1986).

 

La croissance de la musique country au Canada entraîna la création de plusieurs organismes et événements au cours des années 1970 – 1980.  « La Canadian Academy of Country Music Entertainment » a été fondée en 1975 et a pris le nom de « Academy of Country Music Entertainment (ACME)» en 1976. L’Association de la musique country canadienne est née en 1986.   « RPM » mit sur pied les « Big Country Awards » en 1975.  Ils furent abandonnés lorsque les deux organismes précités organisèrent leur propre remise de prix en 1982, mais « RPM » les reprit en 1985.  D’autres prix ont été offerts par les regroupements de plusieurs provinces, comme les « Manitoba Association of Country Arts Awards et les British Columbia Country Music Awards » qui datent toutes deux de 1978.  Au Québec, le « Willie », ainsi nommé en l’honneur de « Willie Lamothe », a été créé par l’Académie Country du Québec, fondée en 1987.  Dès leurs débuts, les « Juno Awards» et les trophées « Félix » ont eu des catégories country.  Les « Juno » pour les artistes et, de 1965 – 1974 pour les disques.  Les « Félix », pour les disques seulement.

 

Les musiciens country ont également leur ‘temples de la renommée’ aux niveaux nationaux, provinciaux et régionaux.   Le « Hall of Honor de la CCMA » a été établi en 1984 et « Wilf Carter, Tommy Hunter, William Harold Moon (de BMI Canada) et Orval Prophet » y ont été les premiers admis, suivis de « Don Messer et Hank Snow (1985), Papa Joe Brown (1986), Lucille Starr (1987), Jack Feeney (de RCA, 1988), Don Grashey et Ian Tyson (1989), ainsi que Ron Spaling et Gordie Tapp (1990) ».  Le « Canadian Country Music Hall of Fame », mis sur pied en 1981 par ‘Gary Buck’ ouvrit à Kitchener, Ont., en 1989 avec l’admission de « Brown, Carter, Messer, Snow, Starr, Tyson, Maurice Bolyer, Charlie Chamberlain, Al Cherny, King Ganam, Ray Griff, Dallas Harms, Earl Heywood, Myrna Lorrie, les Mercey Brothers, Bob Nolan, Marg Osborne, les Rhythm Pals et Gordie Tapp » dans la catégorie des musiciens, ainsi que « Feeney, Moon, Larry Delaney (rédacteur en chef de ‘Country Music News’), Don Grashey et Hank Smith (premier président de la ‘Canadian Academy of Country Music Entertainment) » dans la catégorie des ‘constructeurs’.   Des temples de la renommée ont été érigés dans la vallée de l’Outaouais en 1981 et au Nouveau-Brunswick en 1983.  D’autres existaient en Alberta et en Saskatchewan en 1990.  Le « Canadian Hall of Fame » possède son propre lieu d’exposition, mais la plupart des temples le sont de nom seulement.

 

Entre autres organismes canadiens, « l’Oldtime Country Music Club of Canada » a été établi par « Bob Fuller » au « Blue Angel », un bar de Montréal ouvert en 1966.  En plus des cérémonies de remise de prix de la ‘CCMA’ et des activités de la ‘Semaine de la Musique Country’, on retrouve certains événements notables dont plusieurs festivals et concours,  « Le Big Valley Jamboree » fondé en 1983 à Craven, Saskachewan, a attiré des foules de  50 000 personnes venues applaudir des musiciens du Canada et des États-Unis, ce qui en a fait l’un des plus importants festivals country au monde.  Parmi les événements plus petits, « l’All Star Country Music Picknic and Rodeo » établi en 1977 à Innisfall, Alberta, et le « Gatineau Clog » de Wayne Rostad, fondé en 1980 à Tucker Lake, près de Low, Québec, ont connu une certaine popularité, tout comme le « Canadian Open Old Time Fiddlers’ Contest », né en 1951, ainsi que le « Canadian Open Country Singing Contest », mis sur pied en 1975 à Simcoe, Ont..  On a également pu entendre de la musique country à plusieurs festivals folk, dans le cadre, au cours des années 1980, d’un retour aux sources dans la programmation.

 







Huitième partie

 

La danse country

 

Un moyen d’Expression corporelle mais aussi culturelle…

 

Pour bien comprendre l’évolution de la danse country, sous ses aspects les plus divers, aussi bien l’incorporation des rythmes dans sa musicalité (Valse, Blues, Jazz, Cha Cha, Rumba,…), que la diversité des danses (danse en ligne, de partenaires, de couple…), il faut s’attarder, un instant, sur la danse au sens générique du terme, cette expression artistique et culturelle.

 

La danse, est avant tout une expression corporelle, une suite de mouvements exécutés en rythme, selon un certain ordre et généralement accompagnés d’une musique, d’un chant.  Mais la danse est plus qu’une expression individuelle, elle devient un art, elle est parfois aussi un rituel, mais elle demeure avant tout un divertissement.

 

Pratiquée par un groupe, elle devient une expression culturelle. Chaque peuple danse avec une émotion différente, une gestuelle symbolique ou non, mais dans tous les cas, la danse est révélatrice d’un mode de vie.  C’est pourquoi s’ajoutent aussi des accessoires tels que vêtements, ustensiles, chapeaux… qui la singularisent.

 

Dès lors, la danse possède des aspects psychiques non négligeables.  Les effets de la danse vont au delà du simple plaisir corporel, puisqu’elle permet de véhiculer des idées, des émotions, voire même de l’histoire.  Elle apporte surtout un très net sentiment d’appartenance et d’unité à un groupe animé par les mêmes mouvements et un rythme commun.

 

Ces racines profondes…

 

Un rien d’imagination est nécessaire pour se représenter la vie des premiers immigrants irlandais, écossais, anglais, auxquels s’adjoignent allemands et français, mais on comprend facilement que cette vie de pionniers qui défrichent, cultivent, explorent, bâtissent, ne réservait que peu de temps aux loisirs et à la rêverie.  Alors quand, à l’occasion des fêtes familiales ou villageoises, le moment était venu de sortir le violon, le pipeau, c’était aussi l’instant privilégié pour chanter et danser en oubliant le dur labeur.  C’est ainsi que la danse country a trouvé ses sources profondes dans les folklores irlandais et écossais, en parallèle avec la musique country née dans la région des montagnes Appalaches au cours du 18ème siècle.

 

C’est l’époque de la « Old Time Music », principalement exécutée sur les seuls instruments que les immigrants avaient emportés avec eux et qui étaient facilement transportables en leur vie de nomades :  le violon principalement et quelques flûtes champêtres.  Musique aux accents nostalgiques, rêverie des terres lointaines… peut-être, mais aussi aux rythmes syncopés qui empruntaient ses premiers airs aux différentes danses du folklore irlandais, enrichis des autres musiques populaires.  Cette musique qui accompagnait les fêtes villageoises et familiales a donné naissance à la toute première expression de la danse country en couple.

 

Cette musique ‘rurale’ pour ‘country’ va vite trouver son originalité dans le sud des États-Unis, dans la région des plantations et du mélange de populations venues d’horizons très différentes avec chacune ses propres traditions.  C’est ainsi que cette danse de couple va rapidement intégrer une grande diversité de pas, de figures, de chorégraphies, témoin de la diversité de ses influences culturelles, en même temps que de nouveaux instruments à cordes, tels que mandoline, guitare sèche, banjo font leur apparition.  C’est l’époque de la conquête de l’Ouest, des Cow-boys,  des chevaux, des bottes de cuir, des chapeaux.  Le décor de la danse country y trouve son origine

 

Ces danses en couple, pouvaient être exécutées en cercle, en frappant des mains, parce qu’elles étaient très influencées par la « Danse en Carré » anglaise, avec des couples qui s’échangent, les « mixer » que l’on trouve toujours dans le country et par le « Quadrille » français, qu’introduisent les immigrants de ces pays.  L’influence irlandaise aussi, notamment de la « Gigue » danse paysanne irlandaise dansée avec des sabots, ce qui provoquait un bruit rythmique, qui bien plus tard, américanisée, deviendra le « Tap Dance », danse de claquettes, aujourd’hui redevenu très en vogue. 

 

En même temps que la « Danse de couple » traditionnelle évoluait vers une danse plus chorégraphiée, à plusieurs couples, devenant la « Danse en Carré », les cow-boys solitaires, qui de ranch en ranch avaient souvent une vie de nomades, s’associèrent aux danses, en dansant seul mais formant un groupe, en imitant les pas et figures des danseurs de couple.  Ils donnèrent naissance à ce formidable courant qui prit bien plus tard, au fur et à mesure de son organisation, le nom de « Danse en Ligne ».

 

Un grand courant d’expression de danse était né, en même temps que beaucoup d’autres expressions artistiques et corporelles qui vont jusqu’à la fin du 19ème siècle asseoir chacune les bases techniques et artistiques des danses qui vont connaître leur pleine maturité dès le début du 20ème siècle, période à laquelle une véritable explosion musicale donnera naissance à bien des nouveaux styles.  Cette diversité musicale essentiellement née du formidable « Melting Pot » des populations et des cultures de cette Amérique en pleine expansion a été rendue possible par l’évolution sans précédent des instruments de musique qui offraient par leur diversité les moyens d’un support illimité dans l’expression musicale, et donc dans son prolongement naturel, la danse.

 

Mais comment expliquer qu’un siècle plus tard, aujourd’hui donc, la vieille « Danse Country », expression rurale, soit toujours aussi prisée, peut-être encore davantage, par des populations éminemment urbaines ? Non, ce n’est sûrement pas un mystère !

 

Un passé récent… 

 

Si elle a su durer à travers le 20ème siècle par son incomparable révolution musicale et artistique, c’est que la « Danse Country » a su s’adapter aux nouvelles tendances, se complexifier dans sa technique pour la rendre attrayante, épouser les courants musicaux pour maintenir sa modernité.  Elle a donc su évoluer sans pour autant perdre son caractère original qui, aux accents de « Polka », de « Mazurka », de « Valse » lui confère aujourd’hui encore toute sa particularité. 

 

Aux États-Unis, en ce début de 20ème siècle, les apports très diversifiés des populations immigrées donnèrent naissance, en se conjuguant, à de multiples formes de danses populaires qui vinrent reléguer « Valse, Mazurka, Polka », au rang de danses d’origine paysanne.  Apparurent « Danse en Carré, Tap Dance », puis avec l’évolution des courants musicaux, « Fox-Trot », et les rythmes latino-américains, « Rumba, Tango, Cha Cha, Salsa ».

 

Les mouvements syncopés et très rythmés des danses afro-américaines devinrent également très populaires avant la 2ème guerre;  « Cakewalk et Charleston » sont des danses issues de ces courants, qui vont également venir influencer la ‘vieille’ danse country.

 

Période faste, s’il en est, que cette première partie du 20ème siècle, dans l’évolution des danses « Lindy Hop, Jitterbug, Boogie Woogie, Jive, Méringué ».  Venant des États-Unis, apportés par les soldats et les nouvelles transmissions, de plus en plus de danses inédites, aux accents de ‘Swing’ de ‘Boogie’ de ‘Blues’ et de ‘Jazz’  firent leur entrée en Europe dans les bals populaires.  Mais c’est  incontestablement, dès les années 1950, issu du « Be-Bop », que le « Rock ‘N Roll » va prendre, pour longtemps, la première place, que ne détrôneront pas les autres danses, comme le « Twist ou le Hully Gully ».

 

En Europe une danse va faire connaître, indirectement, le style « Danse Country » en 1962.  Parce qu’elle se danse en ligne, parce qu’elle se danse en groupe, parce qu’elle offre cette convivialité, cet esprit de communion entre les danseurs qui exécutent au même rythme les mêmes pas :  il s’agit du « Madison ».   Le très grand succès de cette danse, à la chorégraphie simple mais précise  s’est confirmé depuis, dans toutes les manifestations dansantes, quand un air de style country était joué.  Le film « West Side Story » a largement contribué à sa diffusion.  C’est d’autant plus étonnant dans un contexte marqué par une évolution des danses d’expression ‘individualiste’ tels que « Jerk, Reggae, Pop » où le danseur évolue seul au gré de son inspiration, sans chorégraphie précise. 

 

Dans les années 1980, dans les quartiers populaires naît le « Break Dance », danse très acrobatique, exécutée en solitaire au milieu d’un groupe, au rythme de la « Hip Hop », musique très cadencée.  La musique n’a cessé d’évoluer, l’homme ne cessera d’inventer de nouvelles danses.

 

C’est dans ce contexte pourtant mouvementé que la « Danse Country »,  loin de disparaître a su maintenir sa spécificité au point de connaître un net regain, notamment en « Belgique, Allemagne et Royaume-Unis » qui sont parmi les nations les plus dynamiques aujourd’hui.

 

Neuvième partie

La danse country

La renaissance…

Tout simplement, n’en déplaise aux puristes, la « Danse Country » a su réussir l’intégration des accents nouveaux à travers son histoire, et loin de rester figé, ce loisir a incorporé les spécificités des nouvelles danses, poursuivant ainsi son évolution. Le « West Coast Swing, Boogie, Cha Cha, East Coast Swing », tous ces styles viennent complémenter les ‘Classiques’ et sa diversité.  Les danses « en ligne, de couple et de partenaires » deviennent alors garantes de son succès. 

Au Québec, c’est à la fin des années 1980 et début des années 1990 que la « Danse Country » fait son apparition.  Les états du Sud et de l’Ouest américain attirent de plus en plus le tourisme de chez nous, tous à la recherche de nouveautés et surtout venus faire le plein de soleil. Plusieurs y découvrent ce style de musique que l’on appelle « Country », interprété soit par des groupes ou bien des individus et sur lequel de nombreuses personnes démontrent leur talent de danseurs sur une chorégraphie bien établie. Ils découvrent alors cette forme d' art que l’on appelle « Danse Country ». Ils en reviendront emballés et prêts à tout pour satisfaire leur curiosité et aussi leur appétit. Pour ce faire, plusieurs n’hésiteront pas à faire des voyages outre frontière à tous les mois, allant même jusqu’à Nashville pour y apprendre les toutes dernières chorégraphies. Une tendance vient de naître, et par le fait même une demande est créée. On voit dès lors apparaître les premières écoles de « Danse Country » au Québec.

Nous en sommes également aux premières années des « Festivals Country ». Certes, quelques-uns roulent leur bosse depuis déjà un certain temps. Mais un phénomène nouveau apparaît vers les années 1992. Pour combler les intermissions lors des spectacles, on commence à y diffuser de la « Musique Country », mais pas n’importe laquelle, celle de nos voisins du Sud. Le succès est instantané,  les planchers de danse se remplissent, en grande partie bien sûr de débutants, mais n’était-ce pas là un moyen de faire connaître ce nouveau style de danse.

Plusieurs peuvent certainement revendiquer l’apparition sinon la naissance de la « Danse Country » au Québec, mais peu sont ceux qui étaient en mesure de prédire son évolution, telle que nous la connaissons aujourd’hui; un mouvement qui n’aura de cesse de s’accentuer. Les années qui suivront verront naître un courant sans précédent.

Dans la même veine, on ne peut en dire autant pour ce qui est des nombreux bars avec salles de danse qui voient le jour. Leur longévité est plus qu’éphémère. Trop peu trop tard, la « Danse Country » n’a pas encore atteint cette maturité qui règne chez nos voisins du sud. Le nombre d’adeptes ne permet pas de maintenir toutes ces salles en vie. Certains rivaliseront d’ingéniosité, allant même à faire venir des artistes de la chanson country des États-Unis.  Les années qui suivront verront s’éteindre, un après l’autre, une grande partie de ces bars, au profit des salles de danse que nous connaissons aujourd’hui.

Aujourd’hui…

Après une évolution remarquable, difficile de dire à combien se chiffre le nombre d’écoles de « Danse Country » au Québec. Encore-là, rien ne vient recenser cette évolution de plus d’une décennie. Les plus audacieux vous diront que ce nombre se situe à près de 300 écoles. Difficile à croire !  Il serait illusoire de prétendre détenir la vérité sur le nombre exact d’écoles qui ont pignon sur rue, malgré qu’il est plus probable que ce chiffre se situe aux environs de 200.

Aujourd’hui, le nombre d’adeptes de la « Danse Country » se chiffre par milliers, pour ne pas dire par dizaines de milliers. Cette vague qui déferle sur nous voit naître annuellement plusieurs centaines de nouveaux adeptes et en voit aussi malheureusement disparaître. Ce courant suit indéniablement la même courbe de progression que celle des écoles de danse. Nous pouvons appeler cela le jeu de l’offre et de la demande.

La nette augmentation du nombre de festivals country au cours des dernières années a certainement permis de faire évoluer encore plus la « Danse Country ». Un effet « boule de neige » a été créé. Du petit nombre qu’ils étaient au début des années 1990, ce nombre a été multiplié pour ainsi dire par dix. On décèle certes l’appât du gain pour certains; pour d’autres, on y voit plus une bonne source de financement pour des œuvres diverses. Qu’à cela ne tienne, aujourd’hui la grande majorité d’entre ces festivals font leur part annuellement pour promouvoir la « Danse Country », en érigeant un chapiteau dédié spécifiquement à ce style de danse. De nombreuses écoles profitent d’ailleurs de cette fenêtre extraordinaire pour faire la promotion de leurs cours et soirées et ainsi montrer au public en général, ce grand plaisir qu’est ce loisir.

Depuis quelques années, on voit naître des festivals dédiés particulièrement à la « Danse Country ». Sans doute un besoin qui se faisait sentir, ne serait-ce que de par les coûts d’admission demandés par les festivals conventionnels. Est-ce une riposte? L’avenir nous le dira. Il est encore trop tôt pour évaluer toutes les répercussions qu’auront ces festivals nouveau genre vis-à-vis ceux qui sont bien établis. Mais à première vue, le cheminement semble bien enclenché, puisqu’on peut facilement multiplier ce nombre par 2 annuellement.

Les « Ateliers, Workshops, Méga, 12 heures » auront eux aussi permis en grande partie cette évolution fulgurante.  Avec une diffusion innovatrice, où l‘on y dévoile de nouvelles danses chorégraphiées  par des gens du Québec, mais aussi d’ailleurs, on a créé cet engouement, que de nombreux professeurs mais aussi et surtout bon nombre d’adeptes de la « Danse Country » au Québec recherchaient.

Que dire de nos chorégraphes québécois, si ce n’est qu’au début des années 1990, la grande majorité des chorégraphies enseignées nous provenaient, soient des États-Unis, d’Angleterre, d’Europe ou du Canada anglais.  Ce ne sera que quelques années plus tard que nous verrons apparaître les premières chorégraphies conçues par des gens d’ici. On peut dès lors compter les chorégraphes du Québec sur les doigts d’une seule main.  Pourtant, ils sont bien là. Du petit nombre qu’ils étaient au début, ils n’auront de cesse d’augmenter, suivant ainsi cette courbe vers la hausse qui touche les écoles de danse et par le fait même, les danseurs. De nos jours, plus de 50% des danses enseignées sont le fruit de chorégraphes québécois. Un succès sans précédent, si l’on considère que bon nombre de ces chorégraphies ont dépassé nos frontières.

Les salles de danse sont maintenant roi et maître. Aujourd’hui, pratiquement chaque salle de danse a son école attitrée. La guerre que se faisaient les bars au début des années 1990 a maintenant fait place à des points de rencontre où les danseurs socialisent tout en pratiquant les nouveautés enseignées. Le bon voisinage est de mise et tous en tirent un avantage certain.

Dans un autre contexte, la « Danse Country » a su s’adapter à un autre élément de taille. Cet élément s’appelle l’Internet. Si cette dernière en est rendue là où elle est aujourd’hui, c’est aussi en grande partie grâce à l’Internet. Ce qui était long et fastidieux au début est devenu tellement plus facile. D’un simple toucher, il est possible maintenant d’obtenir une foule de renseignements sur tout ce qui concerne la « Danse Country ».  Les écoles de danse se sont elles aussi mises à la page. Qui n’a pas son adresse Internet aujourd’hui. La venue, au cours des dernières années, de ‘sites’ spécialisés en « Danse Country » a aussi grandement contribué à l’évolution de la danse comme telle, mais surtout à celle du danseur. Toujours soucieux d’approfondir ses connaissances ‘l’Internaute danseur’ peut y retrouver toutes sortes d’informations dans le but de mieux se renseigner et par le fait-même être aidé à faire un choix des plus judicieux. Personne ne peut en douter; l’Internet aura encore son mot à dire dans l’évolution de la « Danse Country » pour plusieurs années…

Conclusion…

Je termine en espérant vous en avoir appris un peu plus sur la « Musique Country ».  Son histoire est bien présente et personne ne peut l’ignorer.  En ce qui a trait à la « Danse Country », son passé est beaucoup plus récent que l’on ne saurait le croire.  Sa courte histoire est maintenant écrite, la suite reste à venir.  Nul doute que nous y serons pour quelque chose dans cinq ans… dix ans… qui sait…